C’est le fameux « dire c’est faire » Austinien (how to do things with words) qui nous montre qu’avec les mots, on ne fait pas que parler, on agit et on agit aussi sur les autres dans l’interaction. C’est justement cette interaction qui constitue un cadre social, cet espace social commun, l’espace de toute potentialité, une utopie que nous désirons recréer au sein de l’espace The Window.
En ce moment de grandes commémorations autour de Mai 68, nous désirons poser cette question : qu’est-ce que c’est cet événement et que voulons-nous en faire 50 ans après ?
Quel est le sens de revenir aujourd’hui à ce moment de l’histoire, en vue des idéologies qui s’imposent à notre expérience actuelle ?
Face au fatalisme du présent, le règne d’une mauvaise foi qui suggère qu’aucune alternative n’est possible et qu’il faut accepter et s’adapter aux circonstances, ressentons-nous pas une certaine nostalgie pour la force critique, l’énergie et l’ampleur internationale de l’an 1968 qui défiaient les autorités politiques un peu partout, de Paris à Prague, du Mexique à Belgrade ?
Cette nostalgie, cette promesse du passé, pouvons-nous la transformer en potentialité pour convoquer l’esprit critique de notre présent ?
Et avec quels moyens pouvons-nous en parvenir ici et aujourd’hui ?
Nos expériences historiques, différentes mais similaires, nous font comprendre que l’espace public n’est pas donné en soi, il est ce que les acteurs sociaux en font. Il est à réinventé par la parole et son acte incorporé. Dans une architecture modulable et imaginée pour cette occasion nous voulons créer cet espace polyphonique pour libérer la parole avec la participation d’artistes et de performeurs de l’Ecole nationale supérieure de beaux-arts de Paris pour donner la parole, les paroles… jusqu’à l’épuisement, tout au long de la nuit.
Nous avons tous à un moment ou un autre éprouvé le sentiment de ne pas être entendu, bien qu’il s’agisse de notre vie privée ou professionnelle. C’est la raison pour laquelle nous souhaitons redonner la parole à ceux qui ont été privé et réactualiser son pouvoir d’agir et d’émouvoir. Quelle puissance peut avoir la parole aujourd’hui, qu’est ce que veut dire de donner sa parole, de l’habiter, peut elle encore avoir un pouvoir transformateur ? Peut-on imaginer une rue où la parole libre serait garantie pour tout et chacun ? C’est la parole dans sa pluralité qui créer la politique et s’il n’y a plus de pluralité il n’y aurait plus de politique. C’est le silence d’un coté ou une parole unique de l’autre que nous désirons convoquer durant cette Nuit Blanche 2018.
Nous souhaitons vous inviter à venir participer et s’exprimer en toute liberté en partageant vos expériences, vos désirs et souhaits, vos motivations et vos attentes, vos espoir et désespoir. Nous vous invitons à vous approprier cet évènement artistique lors d’une longue nuit pour réfléchir ensemble : Comment peut-on créer du commun à l’aide de la parole et de la voix ?
https://quefaire.paris.fr/58047/c-bay-y-queland-de-st-pern-l-martinez-troncoso-v-hubert